Sans cesse rappelé par la Vierge comme moyen de prière infaillible, le chapelet a permis au Bien de vaincre à bien des reprises dans l’histoire.
1917. En pleine guerre mondiale, la très Sainte Vierge descend du Ciel à six reprises. Et ces six fois, elle demande que le chapelet soit prié quotidiennement. « Je veux que vous continuiez à réciter le chapelet tous les jours en l’honneur de Notre-Dame du Rosaire, pour obtenir la paix du monde et la fin de la guerre… » Si le soldat a son fusil, le chrétien, lui, a son chapelet [1]. Et il doit s’en servir.
C’est que la Sainte Vierge a déjà obtenu nombre de victoires par le passé. Et c’est pourquoi le saint pape Pie X s’exclamait : « Donnez-moi une armée qui récite le chapelet et je ferai la conquête du monde ! »
Louis XIII et Louis le Pieux
Le roi Louis XIII en était si convaincu qu’il avait demandé à ce que le rosaire soit récité devant toute la cour par les dominicains du faubourg Saint-Honoré. Ordre avait aussi été donné aux frères prêcheurs d’instruire l’armée sur cette dévotion, et quinze mille chapelets avaient été distribués aux soldats, tandis que, tous les soirs, dans le camp, les troupes chantaient Ave et cantiques autour de la ville de La Rochelle en portant une statue de Notre-Dame. Nous connaissons la suite. Nouvelle Jéricho, La Rochelle capitulait, les protestants se rendaient et l’Anglais retournait dans son pays.
En cela, Louis le Pieux fut le digne imitateur du grand dévot du rosaire, saint Dominique. Lui aussi avait remporté, si l’on peut dire, une grande victoire, le 12 septembre 1213. Ce jour-là, huit cents chevaliers français, à l’appel du pape Innocent III, affrontaient Cathares et Espagnols au nombre de trente-quatre mille. Les premiers ne déplorèrent que huit tués tandis que les hérétiques se retirèrent en abandonnant dix mille morts. Non loin de là, dans l’église de Muret, saint Dominique faisait prier le rosaire.
Le Saint Nom de Marie
Quatre cent soixante-dix ans plus tard, en 1683, toujours un 12 septembre, deux cent cinquante mille Turcs assiégèrent Vienne défendue seulement par vingt-quatre mille hommes. Des secours furent demandés en urgence. Innocent XI mit toute son influence pour lever une coalition afin de venir en aide aux Autrichiens. Il ordonna des jeûnes et des prières, et, en de nombreux endroits, le rosaire fut récité devant le très Saint Sacrement. Alors Jean Sobieski, roi de Pologne, prit la tête de l’armée catholique et s’achemina vers Vienne.
Le matin de l’assaut, il tint à servir lui-même la messe et fut donc au premier rang lorsque le célébrant donna la bénédiction du pape en disant : « Au nom du Saint Père, je vous déclare que la victoire est à vous si vous vous confiez à Dieu. » Tous les assistants invoquèrent alors plusieurs fois les noms de Jésus et Marie. À un contre trois, la bataille fut rude. Toute la journée, le roi de Pologne tint son chapelet à la main. Mais, à la fin de la journée, la victoire était totale. Aujourd’hui, chaque 12 septembre, est fêté le saint Nom de Marie…
Lépante
D’autres batailles eurent lieu mais la victoire qui est restée gravée dans le cœur des fidèles est celle de Lépante, à la fin du XVIe siècle, durant lequel Soliman le Magnifique puis son successeur, Selim II, travaillèrent activement à l’expansion de l’Islam et vinrent jusqu’aux portes de l’Occident. Le pape saint Pie V, très inquiet, essaya tant bien que mal d’unir les princes chrétiens. Il ne réussit à opposer à l’immense armée musulmane qu’une flotte de deux cents galères, cent vaisseaux, cinquante mille hommes et quatre mille cinq cents cavaliers.
Mais, cette fois encore, chaque soldat reçut un chapelet et, durant les trois jours précédant l’appareillage, tous se confessèrent et communièrent. Il n’y avait plus de temps à perdre car, le 14 août précédant, Chypre venait de tomber aux mains des Turcs. Le 7 octobre, jour traditionnellement consacré au Saint Rosaire, la flotte catholique rencontra celle des Ottomans, composée de trois cents vaisseaux et cent vingt mille hommes de troupe.
Tous les chrétiens avec Don Juan d’Autriche, leur commandant de vingt-quatre ans, tombèrent à genoux et, à haute voix, suivant les demandes du pape, invoquèrent le Dieu tout-puissant et saluèrent la très Sainte Vierge Marie. Puis, la bataille commença.
Pendant ce temps, à Rome, le pape faisait prier le rosaire dans tous les couvents et collèges de Rome. Lui-même jeûna et fit une nuit de prière du 6 au 7 octobre, puis récita le rosaire toute la journée. Dans l’après-midi, il fut interrompu par son trésorier pour quelques affaires.
Tout à coup, il se leva, ouvrit la fenêtre, leva les yeux vers le ciel, resta quelques instants dans cette attitude, revint enfin tout pensif vers son trésorier et lui dit : « Maintenant, il n’est plus temps de s’occuper d’affaires. Allez rendre grâce à Dieu, car notre flotte vient de rencontrer la flotte turque et, à cette heure, elle a remporté la victoire. » Lui-même se rendit à son petit autel pour rendre grâce. Pourtant, la nouvelle ne parvint officiellement à Rome que quinze jours plus tard, le 21 octobre, au moyen d’un courrier envoyé tout spécialement par Don Juan.
Un tiers de la flotte turque avait été coulé et la moitié capturée ; le reste (quarante navires sur trois cents) prit la fuite. Il y eut quarante mille tués et huit mille prisonniers, tandis que douze mille esclaves furent délivrés. Côté chrétien, il n’y eut que quinze galères coulées, moins de huit-cents tués et à peu près autant de blessés. Ce fut la plus grande bataille de temps modernes. Il faut remonter vingt siècles en arrière pour trouver l’équivalent : la bataille de Salamine en 480 avant Jésus-Christ, encore que les pertes y furent moindres chez les ennemis.
« Donnez-moi une armée qui récite le chapelet et je ferai la conquête du monde. De toutes les prières, le rosaire est la plus belle et la plus riche en grâces, celle qui plaît le plus à la très Sainte Vierge Marie. Aimez-donc le rosaire et récitez-le avec piété tous les jours ! »
La victoire est entre nos mains, des mains qui tiennent le chapelet.
[1] D’ailleurs, rappelons que le chrétien a aussi une armure, le scapulaire, dont la Sainte Vierge Marie a montré l’importance en apparaissant, le 13 octobre 1917, sous les traits de Notre-Dame du Mont-Carmel.