3 vertus de début d’année pour réapprendre à s’engager sans couler

Publié le 08 Jan 2024
vertu engagement

La vertu de persévérance permet de persister dans l'effort et dans ses engagements. © Wirestock

Aujourd’hui plus que jamais, la jeunesse a soif d’engagement. Et pourtant, beaucoup font l’amer constat qu’il devient de plus en plus rare de trouver des personnes qui soient réellement capables et désireuses de persévérer dans leurs engagements. Et s’il suffisait de trois vertus pour tout changer ?

 

La Meilleure défense…

Dans l’épître à Tite, que l’Église propose à la méditation des fidèles lors de la Messe de la nuit de Noël, saint Paul s’écrie : « La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde et à vivre dans le temps présent avec sobriété, justice et piété. » (Tit 5, 11-14) Cette vertu de sobriété renvoie l’écho de l’avertissement de saint Pierre : « Soyez sobres, veillez : votre adversaire le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. » (1 P 5, 8)

La sobriété, et la mortification en général sont donc indissociables du combat spirituel ; et comme le dit l’adage bien connu, « la meilleure défense, c’est l’attaque. »

 

Que la Force soit avec vous…

Ainsi, la nouvelle année, moment propice aux bonnes résolutions venant remédier aux échecs et manquements du premier trimestre, nous place devant un choix décisif : allons-nous subir les difficultés et les épreuves de notre vie en nous laissant ballotter par vents et marées, ou allons-nous au contraire décider de nous engager, de mettre nos talents et nos énergies au service du bien commun ?

Si nous choisissons cette deuxième voie, le besoin se fera vite sentir d’une alliée de poids : la vertu morale de force, accompagnée de trois vertus qui la prolongent et permettront d’éviter les écueils que rencontre tout engagement : magnanimité, longanimité, persévérance.

 

  1. La magnanimité pour combattre la peur de ne pas être à la hauteur

Cette peur, ou pusillanimité, sera probablement plus fréquente chez ceux qui manquent de confiance en Dieu ou en eux- mêmes. Combien éprouvent en effet un ardent désir de s’engager, de se donner au service des autres, qui se laissent intimider par l’ampleur de la tâche et l’importance de l’investissement, des capacités, des connaissances qu’elle requiert ?

C’est alors la vertu de magnanimité qui entre en jeu, cette vertu de la grandeur d’âme, qui nous entraîne et nous permet de nous donner généreusement, avec courage, discernement et humilité. Le magnanime reconnaît avec saint Paul que de lui-même il ne peut rien, mais qu’il peut tout en Celui qui le fortifie, le Christ ! La grandeur de la tâche à accomplir ne l’effraie donc pas, il sait qu’il lui faut simplement se mettre au travail : « aide-toi, le ciel t’aidera. »

 

  1. La longanimité pour combattre le découragement

L’habitué des bonnes résolutions le sait bien, il est facile de les choisir, un peu moins de commencer à les tenir, pas du tout de s’y astreindre dans la durée. Ce qui vaut pour les résolutions de conversion personnelle s’applique tout autant à l’engagement : qui n’a jamais dû affronter la terrible tentation du découragement, insidieuse prélude au désespoir ?

Ce découragement guette plus particulièrement l’assoiffé de contrôle, celui qui ne peut envisager de lâcher prise, qui n’accepte de s’engager qu’à la condition de diriger les opérations comme il l’entend. Et pourtant, nous l’expérimentons tous les jours, la Providence dirige les barques de nos vies par des évènements souvent imprévus, parfois inexplicables, et la seule manière de rester à flot sera toujours de lâcher prise !

C’est là qu’intervient la vertu de longanimité, cette vertu qui sait attendre, au milieu des tourbillons de la vie, les circonstances favorables. Le longanime sait bien qu’il ne peut toujours diriger le cours des choses ; il garde bien présent à l’esprit le but à atteindre mais accepte patiemment les innombrables contrariétés qui se dressent comme autant d’obstacles sur sa route, conscient que s’il suit toujours la volonté de Dieu, un jour il atteindra son but !

 

  1. La persévérance, pour combattre la tentation du travail bâclé

La société du tout-écran dans laquelle nous nous retrouvons immergés, bon gré mal gré, nous habitue insensiblement à la culture du zapping. Nous guettons inconsciemment la moindre notification, et cherchons de plus en plus à nous convaincre que le « multi-tâches » serait une réponse adaptée au défi permanent que représentent nos agendas surchargés. En réalité, tout ceci ne nous aide qu’à une chose : bâcler notre vie (notre travail, nos relations, nos engagements), et nous en satisfaire.

Cette tentation de tout bâcler vient d’une vieille ennemie du genre humain : la mollesse. Depuis des temps immémoriaux, nous sommes trop mous pour oser dire non aux sollicitations importunes, ou aux obligations que nous savons, en conscience, ne pouvoir remplir. Nous sommes trop mous pour nous atteler entièrement, avec attention et zèle surnaturel, aux tâches que nous avons à effectuer. Alors nous remplissons nos agendas et nos to-do lists d’un amoncellement d’impératifs que nous expédions médiocrement, avec juste ce qu’il faut d’investissement pour ne pas encourir les reproches d’autrui.

C’est là que vient à notre secours la vertu de persévérance, la vertu qui permet de persister dans l’effort. Conscient que le pain quotidien ne s’obtient qu’à la sueur de son front, le persévérant ne se laisse pas impressionner par la difficulté de l’effort à fournir. Il se donne avec générosité, et, par la garde du cœur, se préserve des sollicitations importunes qui viendraient le distraire de son œuvre. Avec application et régularité, il accomplit ses missions dans la certitude qu’il n’agit pas seulement pour lui, mais pour le bien commun au service duquel il a décidé de consacrer ses forces.

 

Armé de ces trois vertus – magnanimité, longanimité, persévérance – le chrétien se voit prêt à affronter les dangers qui menacent sa constance dans l’engagement. Il n’a désormais plus peur des obstacles et se sent rempli et une énergie nouvelle qu’il saura mettre à profit pour servir son prochain de la meilleure des manières : celle que lui inspire la Providence dans sa vocation particulière.

 

>> à lire également : Notre quinzaine : Je crois en la Sainte Église catholique

Un chanoine

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