« Je veux voir Dieu ! » (3) : Faut-il encore parler de l’Enfer ? 

Publié le 19 Mar 2024
voir dieu fins dernières enfer

Le Christ est juge. Détail du Jugement Dernier de Michel-Ange, Chapelle Sixtine (Vatican).

Le Christ a-t-il essayé de nous inculquer la crainte infantile de l’Enfer pour nous pousser vers le bien ou y a-t-il réellement un lieu de punition éternelle pour ceux qui ont refusé jusqu’au bout l’amour de Dieu ? C’est la question fondamentale que chacun devrait se poser. Car il n’y a qu’une alternative : soit nous risquons de nous damner définitivement, soit nous sommes sauvés par avance. Les articles 1 et 2 sur les fins dernières sont à retrouver sur notre site.

  « Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’Amour » (1). Si nous mourons dans l’amitié divine, en état de grâce, nous entendrons cette parole de Jésus : « Venez, les bénis de mon Père, prenez possession du Royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde » (2). En revanche, si par malheur nous mourons en état de péché mortel, sans accueillir l’amour miséricordieux de Dieu (3), cette sentence terrible se fera entendre : « Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel. » (4) Et alors, Jésus « enverra ses anges, qui ramasseront tous les fauteurs d’iniquité (…) et les jetteront dans la fournaise ardente » (5). Voilà, brièvement, la doctrine catholique sur le jugement et sur l’Enfer. Mais depuis 1965, cet enseignement ne passe plus pour certains. Il serait le fruit d’une « pastorale de la peur », incompatible avec la conception d’un Dieu de miséricorde. Une théologie rassurante – « on ira tous au Paradis » – a parfois pris le dessus, éloignant les âmes de l’enseignement du Christ sur l’enjeu crucial de notre vie, et plus largement de toute préoccupation du salut, puisque nous sommes, de toute façon, effectivement sauvés.  

Miséricorde et justice en Dieu

Qu’est ce qui a changé ? Une certaine façon d’approcher Dieu et son mystère. « Qu’est-ce que Dieu ? », demandait Thomas d’Aquin, encore enfant, aux bénédictins du Mont-Cassin. Cette interrogation l’a amené à creuser le mystère divin en tant que mystère, c’est-à-dire en acceptant que Dieu et ses qualités (ou « attributs », comme la miséricorde et la justice) sont infinis et ne peuvent être parfaitement « compris » par l’esprit humain. Dans la Révélation, Dieu utilise des mots et des concepts humains (être, amour, miséricorde, vie…) pour se « dire » aux hommes. Ces mots éveillent en nous une vraie connaissance de Dieu, mais qui ne peut pas être une compréhension totale. Par exemple, « Dieu est miséricorde », et sa miséricorde a quelque chose…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Abbé Jean de Massia

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneEgliseTribune libre

Benoît XVI et François : deux lectures du Maître de la Terre de Benson, deux pontificats, deux églises ? (2/3)

Une volonté farouche de changer de paradigme (2/3) | Tout d’abord, et en amont de l’élection, la volonté farouche de changement de ceux qui ont préparé le règne. En 2007 paraissait un livre très éclairant et remarquablement conçu dans la plus pure tradition de la manipulation de l’opinion. La thèse de ce livre-programme qui devait se révéler prophétique peut se résumer ainsi : l’Église, depuis Constantin et avec pertinacité, s’est éloignée du message évangélique. Ce phénomène s’accentue à partir de la Renaissance quand l’Église s’entête de plus en plus en s’opposant à la modernité. Constatant au XXe siècle que des génocides ont été perpétrés dans des pays chrétiens (Allemagne, Rwanda), il faut en tirer la conclusion que cette manière ancienne d’être chrétien était fausse et qu’il faut refuser les préoccupations dérisoires que sont la connaissance de la foi, le nombre d’entrées au séminaire ou de sacrements célébrés, car tout cela détourne de l’essentiel qui consiste à apporter davantage d’humanité.

+

pape François synode
A la uneEgliseTribune libreLectures

Benoît XVI et François : deux lectures du Maître de la Terre de Benson, deux pontificats, deux églises ? (1/3)

Nous nous interrogions en 2019 (1) sur le regard porté par Benoît XVI et François sur ce roman d’anticipation de tout premier rang qu’est Le Maître de la Terre de Benson. Plus personne (plus personne de sain d’esprit en tous cas) ne prétend à présent à la continuité entre les deux pontificats. Leurs ambitions, leurs idées, leurs spiritualités, leurs tempéraments que tout oppose trouveraient dans ce livre un point commun ? Non, décidément nous ne parvenons pas à comprendre. Si les deux pontifes ont recommandé ce livre puissant, les motifs en sont forcément différents. 

+

François maitre de la terre Benson
A la uneEgliseMagistère

La loi naturelle, une herméneutique à contextualiser ?

L'Essentiel de Thibaud Collin | Le récent ouvrage de Mgr Livio Melina, Le discernement dans la vie conjugale, définit la loi morale comme une lumière sur le vrai bien, contre un paradigme, défendu par Karl Rahner et la cardinal Kasper, qui, sous couleur de pastorale et en tordant la notion de discernement, la présente comme inapplicable.

+

LOI NATURELLE Livio Melina
EgliseLiturgie

L’Ascension du Christ est notre propre élévation

L'esprit de la liturgie | Jésus montant au ciel est cause de joie pour les apôtres car, avec lui, la nature humaine est élevé à une dignité plus haute et « la captivité est emmenée captive ». Et leur égarement ne durera pas puisqu’il leur a promis le Consolateur.

+

ascension
A la uneEgliseDoctrine socialeMagistère

Dignitas infinita, quels fondements philosophiques ?

Entretien | La dernière déclaration du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, Dignitas infinita, datée du 2 avril 2024, revient sur la dignité et sur les droits de la personne humaine. Le texte fait référence à la Déclaration des droits de l’homme de 1948 et s’appuie sur le personnalisme catholique développé au XXe siècle. Explication par Guilhem Golfin, docteur en philosophie et professeur à Paris, contributeur de l’ouvrage La Dignité humaine. Heurs et malheurs d’un concept maltraité. 

+

Dignitas infinita
A la uneEgliseEglise de France

Mobilisation pour le maintien de la Tradition en Finistère : « Nous ne comprenons pas les raisons de cette expulsion »

Entretien avec Joseph, membre de l’organisation de la mobilisation pour le maintien de la tradition dans le Finistère. Deux prêtres de la Fraternité Saint-Pierre ont été expulsés sans explications. Pour les fidèles, cette situation est à la fois inexplicable et injuste. La Fraternité Saint-Pierre est un institut sacerdotal fondé en 1988 et dont les statuts ont été approuvés par le Pape François en 2022. Ces deux prêtres en sont membres.  

+

tradition Finistère