Appel de l’abbé Pillet pour préserver le mariage religieux

Publié le 12 Sep 2013

Nous publions cet entretien avec l’abbé Pillet en complément de son appel à séparer mariage civil et mariage religieux paru dans le dernier numéro de L’Homme Nouveau et disponible sur notre site.

Vous avez lancé un appel à séparer le mariage religieux du mariage civil, pourquoi ?

Après l’adoption de la loi Taubira, c’est la définition même du mariage qui est remise en question. Déjà la concession du divorce avait ouvert une brèche dans l’engagement à la fidélité et à l’indissolubilité. Mais à présent, c’est l’institution même du mariage qui est touchée, puisque le Code civil ne le définit plus comme l’union d’un homme et d’une femme en vue de fonder une famille. Dès lors, pourquoi l’Église devrait-elle se trouver liée par un mariage civil dénaturé ? On peut penser que l’État, en dénonçant unilatéralement le « contrat social », le consensus qui liait jusqu’alors le mariage religieux au mariage civil, a rendu caduque et périmé ce consensus.

Quand et par qui a été établi le mariage civil ?

Ce n’est pas la Révolution, mais c’est Louis XVI qui a établi un mariage civil, dès 1787, à la demande des protestants qui souhaitaient pouvoir se marier sans se convertir au catholicisme. Ce principe du mariage civil a été repris par la Constitution de 1791, et c’est la loi sur l’état civil de 1792 qui a consacré la séparation entre mariage religieux et mariage civil. C’est en 1802, pour conserver la mainmise de l’État sur l’institution, que Bonaparte a imposé que le mariage religieux soit précédé par le mariage civil.

Le mariage civil tel qu’il a été pensé au début portait-il déjà en germe ses actuelles dérives (divorce, « mariage » pour tous…) ?

On peut dire que le mariage civil, pendant longtemps, s’accordait au mariage religieux, dans la mesure où il reprenait à son compte les valeurs de fidélité, d’indissolubilité et de fécondité que défend l’Église. Et certains discours de M. le maire avaient des accents de prône de M. le curé ! Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Dans quels termes et au nom de quels arguments pouvons-nous aujourd’hui réclamer la séparation entre mariage civil et mariage religieux ?

Ce sont justement ces dérives du mariage civil qui nous y autorisent. C’est tout de même paradoxal que l’État laïc qui, depuis 1905, est censé ne plus s’occuper des actes purement cultuels, persiste à légiférer en matière de mariage religieux… Et puis je pense à des couples, concubins ou pacsés, qui seraient disposés à recevoir la bénédiction nuptiale sans pour autant modifier leur statut civil.

Quel rôle l’Église de France devrait-elle jouer dans ce débat ?

Dans ce débat, l’Église n’a pas été invitée, ou plutôt, invitée à s’exprimer devant la commission parlementaire, elle n’a pas été écoutée. Mais faut-il le cacher ? Je crois qu’un certain nombre de prêtres de terrain comme moi ont été déçus (et que dire aussi des foules de manifestants qui ont battu le pavé pour la défense du mariage et de la famille) par la réaction plutôt mitigée et consensuelle de l’épiscopat – je ne parle pas des évêques qui se sont courageusement démarqués.

Et je pose la question : Le moment n’est-il pas venu pour l’Église de France, dans ce débat, de dénoncer le lien légal entre mariage religieux et mariage civil ? C’est évident que cela provoquerait quelques remous dans les assemblées et quelques titres dans les journaux… et surtout une réflexion salutaire sur le statut de l’Église en France, elle qui est désormais la seule à défendre l’intégrité du mariage.

Que peuvent faire les laïcs pour défendre le mariage religieux ?

C’est non seulement d’y croire, mais surtout de le vivre. La meilleure réponse à la loi inique Taubira, ce sont des foyers et des familles qui tiennent la route, ce qui est rare est précieux. Depuis trente-huit ans que je suis prêtre, j’ai vu les mariages à l’église diminuer considérablement. Mais je peux vous dire que chaque célébration aujourd’hui est une occasion privilégiée d’évangéliser le couple et la famille, et un témoignage fort pour les jeunes qui s’interrogent et qui aspirent à un amour vrai et durable. Et puis, je pense au mouvement des Veilleurs qui, pacifiquement et silencieusement, viennent réveiller les consciences. Même les grands médias n’en reviennent pas et sont touchés !

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