Canoniser la jeunesse (1/4) : Mode ou nécessité ? 

Publié le 14 Mai 2025
> DOSSIER | « Frassati, Acutis : Canoniser la jeunesse ? »
La multiplication récente des causes de canonisation de jeunes figures soulève une question délicate : assiste-t-on à une réponse pastorale adaptée à notre époque, ou à un glissement vers une reconnaissance trop émotive de la sainteté ? À travers l’histoire se dessine un discernement nécessaire, entre exemplarité et emballement collectif.

  Les prochaines canonisations de Pier Giorgio Frassati et Carlo Acutis, l’ouverture de la cause de béatification de sœur Clare Crockett, la médiatisation d’autres jeunes, voire très jeunes figures de sainteté : Anne-Gabrielle Caron, Chiara Luce Badano, Sandra Sabattini, Claire de Castelbajac, d’autres encore, Italiens, Philippins, Africains, peuvent étonner. Mais, à y regarder de plus près, l’on se rend compte qu’elles révèlent certaines attitudes de nos contemporains face au mal, à la mort, la foi et une volonté de l’Église de les prendre en compte.

Des exceptions

Chiara Luce Badano teen jeune

Chiara Luce Badano (1971-1990).

Ainsi que le rappelle l’abbé Deslandes (article 2/3), jusqu’à une époque récente, il n’était pas d’usage, à l’exception des martyrs, de porter sur les autels ceux que le droit canon appelait « les immatures », partant du principe qu’ils étaient trop jeunes pour avoir accompli des actes dignes de l’auréole, et n’avaient pu atteindre l’héroïcité des vertus. Exagérait-on, jusqu’à la fin du XIXe siècle, alors que, paradoxalement, la société et les mœurs laissaient peu, voire pas de place à l’adolescence qu’elles mettaient au travail au rythme et dans les mêmes conditions que les adultes, l’incapacité des enfants à appréhender les mystères de la religion, la portée de leurs engagements et de leurs choix ? C’était un temps où, sauf rarissimes exceptions, il fallait avoir atteint 12, voire 14 ans, pour être admis à communier, un temps où, dans un dossier d’apparitions, parole et témoignage d’un « impubère » étaient quasiment irrecevables, ce qui posa problème, en 1871, dans l’instruction des faits de Pontmain, et cela explique pourquoi la majorité des voyants étaient jadis adultes. L’on peut d’ailleurs comprendre les réticences d’ecclésiastiques inquiets de possibles manipulations, risques d’affabulations et mensonges dont les coupables n’auraient pas mesuré la gravité ni les conséquences. Autrement dit, la sainteté, nonobstant le « Laissez venir à moi les petits enfants », était chose trop sérieuse pour laisser les bambins jouer avec… 

Le disciple de Jean Bosco

Certes, l’hagiographie ne manquait jamais l’occasion de…

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Anne Bernet 

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