Le scapulaire de Notre-Dame du Mont-Carmel : une cuirasse sans défaut

Publié le 16 Juil 2023
scapulaire
Une demande du Ciel

Le 13 octobre 1917, à Fatima, devant plus de soixante-dix mille personnes, croyantes ou non, le soleil se mettait à faire des bonds, tournoyer, tomber… Mais ce phénomène solaire – l’un des plus extraordinaires qui soient, puisque que l’on n’en compte que trois dans l’histoire de l’humanité, avec les ténèbres soudaines du Vendredi saint et l’arrêt de la course du soleil sur ordre de Josué – n’est là que pour nous demander de prêter attention aux demandes du Ciel !

Cinq mois de suite, la Sainte Vierge est venue et a demandé le chapelet, la dévotion à son Cœur immaculé, la prière pour les pécheurs, pour le Saint-Père, pour la paix… mais, ce jour-là, il y a quelque chose de plus ! Elle apparaît sous les traits de Notre-Dame du Mont Carmel, comme elle l’avait annoncé lors de l’apparition précédente. Et de sa main pend le fameux scapulaire !

Lucie, l’une des voyantes, affirmera : « Notre-Dame tenait le scapulaire en ses mains parce quelle veut que nous le portions. »

Qu’est-ce donc que le scapulaire ?

En 1251, la mère de Dieu donne à saint Simon Stock un habit et y associe la promesse suivante : « Celui qui mourra revêtu de cet habit sera sauvé,  il ne souffrira jamais des feux éternels. » Le scapulaire (du latin scapulae qui signifie épaules) est une longue bande d’étoffe couvrant les épaules et recouvrant devant et derrière celui qui le porte. La plupart des religieux le revêtent sur leur tunique.

Le scapulaire du Mont Carmel tel qu’on le connaît aujourd’hui en est une réduction et est composé de deux morceaux  rectangulaires de laine brune, reliés entre eux par deux cordons de manière à pouvoir être portés, un morceau sur la poitrine et l’autre sur le dos. Une image de la Sainte Vierge y est souvent ajoutée. Ce scapulaire est l’habit de Notre-Dame et le signe visible de sa protection. Ainsi, celui qui aura Marie devant et derrière lui ne craindra rien, notamment au jour du jugement dernier.

« Non timebo mala, quoniam tu mecum es. – Je ne craindrai aucun mal car vous êtes avec moi. » Ces mots du psaume XXII, chanté le jeudi à prime, s’appliquent parfaitement à notre souveraine.

Un gri-gri catholique ?

Mais cette foi en l’assistance divine n’est-elle pas trop enfantine, voire superstitieuse ? Je me souviens d’un ami qui s’était énervé et moqué lorsque, tout jeune scout, je lui avais parlé des promesses de la Sainte Vierge liées au port de mon scapulaire. Maman m’avait raconté certains miracles et j’y croyais dur comme fer. Aujourd’hui encore, d’ailleurs !

Nous pouvons comprendre l’étonnement de ce jeune homme. Comment accepter que le scapulaire préserve de l’enfer, d’une manière quasi magique ?

Mais, d’autre part, comment ne pas être assuré que la Sainte Vierge, nous ayant fait une promesse, mettra tout en œuvre pour la remplir, d’une manière qu’elle seule connaît, puisqu’elle est la reine du Ciel, toute-puissante sur le cœur de Dieu ?

Une certitude inébranlable

Et c’est bien cela qui remplit le cœur de nombreux catholiques aujourd’hui, et que confirment les nombreuses interventions divines ! Rien ne résiste à l’Immaculée Conception, « plus terrible qu’une armée rangée en bataille » (Cant. VI, 10) lorsqu’elle se dresse fasse au démon. Avec douceur et avec force, la mère de Dieu et la mère des hommes vient chercher chacun de ses enfants qui s’est placé sous sa protection et l’arrache aux griffes du dragon.

Elle amène chacun au repentir, le conduit devant un prêtre voire conduit le prêtre à lui, elle s’efforce d’obtenir un acte de repentir, un sourire, un souffle qui vienne du cœur et ouvre la porte à la grâce. Et même, lorsqu’elle le veut, elle se permet de demander à son divin Fils de suspendre pour un instant les lois de la nature et de faire un miracle.

Quelques miracles…

Et c’est ainsi que l’on voit un bûcheron irlandais, baptisé mais parfait mécréant, se confesser à un prêtre rencontré par hasard et mourir quelques instants plus tard, écrasé par l’un de ses arbres. Il portait le scapulaire, certainement cadeau de sa mère, qu’il avait toujours gardé. La « bonne Mère », celle du Ciel, n’avait pas permis qu’il quitte ce monde sans avoir demandé pardon à son Dieu.

Ou alors, c’est un homme coupé en deux par un train qui refuse de mourir avant d’avoir vu un prêtre qui puisse l’absoudre.

On s’émerveille aussi de ces récits de soldats préservés de la mort, leur scapulaire servant de cuirasse et arrêtant une balle mortelle. On trouve un certain nombre de scapulaires, portés durant la Grande Guerre, qui ont été offerts en ex-voto à Notre-Dame, témoins de cette assistance surnaturelle.

Enfin, on frémit devant ces hommes qui, ayant vécu dans l’impiété la plus grande et ayant souvent repoussé les avances de la grâce, se débarrassent d’eux-mêmes de leur scapulaire avant d’expirer, démunis de ce qui était censé les protéger. Là aussi, mais d’une tout autre manière, Notre-Dame tient sa promesse…

Et nous ?

Aujourd’hui, 16 juillet, fête de Notre-Dame du Mont Carmel. Envers notre suzeraine, redisons notre tendresse, rappelons notre confiance, montrons notre attachement. « Oui, mais… nous allons à la plage, nous craignons les remarques, redoutons les moqueries… » La belle affaire ! Cela vaut-il que nous nous passions d’une protection si puissante ? Dès cette vie, mais surtout dans l’autre. Et puis, un tel habit, c’est un peu une casaque de mousquetaire, témoignage d’amour et serment de fidélité,  identifiable de loin ! Cela se porte pour l’honneur de celle que l’on sert, prêt à le défendre s’il le faut au péril de sa vie, quitte à défier tout l’univers !

Alors cet été, annonçons la couleur et que celle-ci soit brune !

 


Remarques pratiques

On devient membre de la Confrérie du scapulaire de Notre-Dame du Mont Carmel par la réception du scapulaire, qui doit obligatoirement être « imposé », c’est-à-dire placé autour des épaules, en utilisant le rituel prévu à cet effet.

Le scapulaire doit être porté de manière moralement continuelle (donc aussi pendant la nuit) ; on peut bien sûr l’enlever pour se laver, sans cesser de bénéficier de la promesse. Il peut être dissimulé sous les vêtements. Il est bénit une fois pour toutes lors de l’imposition. Lorsqu’un scapulaire est sali ou usé, on peut donc le remplacer sans aucune nouvelle cérémonie de bénédiction ou d’imposition (la bénédiction du premier scapulaire passe aux suivants).

Conditions pour bénéficier des promesses

Pour la promesse principale, la préservation de l’enfer, il n’y a aucune condition particulière, sinon celle de recevoir le scapulaire avec une intention droite, et de le porter au moment de la mort.

Pour bénéficier du privilège sabbatin (délivrance du purgatoire par la Sainte Vierge, le samedi suivant la mort), trois conditions sont requises :

  1. Porter habituellement le scapulaire.
  2. Conserver la chasteté de son état (complète dans le célibat, ou conjugale dans le mariage) ; il faut remarquer que cette obligation n’ajoute rien aux devoirs de tout chrétien en ce qui concerne la chasteté.
  3. Réciter quotidiennement le petit office de la Sainte Vierge. Les prêtres, en imposant le scapulaire, ont le pouvoir de commuer cette obligation un peu difficile, par exemple en prescrivant à sa place la récitation quotidienne du chapelet. Que les laïcs n’hésitent pas à le leur demander. Certains ont demandé à voir leur obligation consister en l’assistance à la messe tous les jours, en l’honneur de Notre-Dame du Mont Carmel.

 


Pour en savoir plus : www.fatima100.fr/le-port-du-scapulaire

 

>> lire également : Notre-Dame du Saint Rosaire : L’arme du chrétien

 

Chanoine Adrien Mesureur +

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