Les Petits chanteurs, une école de joie et d’humilité

Publié le 10 Jan 2024
petits chanteurs

Petits chanteurs à la croix Potencée (1963) © André Cros / Archives municipales de Toulouse

La fédération internationale des « Pueri Cantores », qui regroupe différents ensembles de petits chanteurs et des maitrises du monde entier, se retrouvait à Rome du 28 décembre 2023 au 1er janvier 2024 pour son 44e congrès annuel.

 

Le Pape a reçu, le 30 décembre dernier, une nombreuse délégation de « Pueri cantores » auxquels il a donné trois consignes importantes pour pouvoir bien chanter.

 

La joie

En premier lieu la joie. Le psaume 121, que nous chantons à Tierce, est le psaume du pèlerin, joyeux d’arriver à Jérusalem. La vie est une route, une route vers l’éternité, car Jérusalem, la Sion terrestre, n’est qu’une ébauche imparfaite de la Jérusalem céleste. Et l’on ne peut marcher que dans la joie.

Que l’on se souvienne de la liturgie des dimanches Gaudete ou Laetare. Malgré les austérités, les choses dures et âpres, pour reprendre l’expression de saint Benoît, cette marche est joyeuse, car nous sommes sauvés en espérance, nous dit saint Paul. Or, le chant est une expression de notre joie. C’est pourquoi, il met le diable en déroute. Saint Augustin donnait déjà le conseil de « chanter en marchant ». La joie du chant est un don qui se transmet de génération en génération, par la Tradition.

On peut regretter ici que le Pape n’ait pas mentionné le chant grégorien qui, selon saint Pie X, nous fait prier sur de la beauté. D’ailleurs le Concile a rappelé au n°116 de la Constitution conciliaire sur la Liturgie que « l’Église reconnaît dans le chant grégorien, le chant propre de la liturgie latine » ; et le texte de continuer : « c’est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales d’ailleurs, doit occuper la première place. » Ce qui veut dire que les chants populaires doivent être comme lui facteurs d’éducation spirituelle et de beauté.

Dieu aime celui qui donne avec joie et le monde apostat a un grand besoin de joie. Le chant sacré doit pouvoir toucher les cœurs en redonnant joie et espérance à ceux qui en seraient dépourvus.

 

La prière

Le deuxième point sur lequel insiste le Pape est la prière. Jean-Paul II disait à propos de la polyphonie de Palestrina : « La dignité esthétique se transforme en une prière d’adoration, quand, au cours de l’action liturgique, elle exprime par le son le mystère de la foi. » Si le cœur du chanteur est rempli d’amour pour Jésus, son chant deviendra prière, car le chant véritable est prière qui harmonise cœur et voix, dévotion et art.

Et la source qui permet au chant d’être à la fois priant et beau est l’amour. Saint Augustin le disait : « chanter est le propre de celui qui aime. » Il disait aussi : « Celui qui chante prie deux fois. » Le Pape insiste à juste titre sur la nécessité de chanter ensemble, sans quoi il n’y aurait pas d’harmonie. En chantant ensemble, on peut marcher ensemble.

 

L’humilité

Enfin l’humilité, règle de toute la vie chrétienne et par conséquent aussi du chant. Le chant est une école d’humilité, parce que le chanteur doit supporter ses voisins et chanter en rythme. Même dans les parties solistes, le chanteur ne doit pas oublier le chœur. Quand on chante en groupe, chacun est au service de tous, même celui dirige le chœur. Et plus le chant devient service, plus il devient humble et plus il devient prière.

Le vrai chanteur sait s’effacer. Un chanteur qui veut absolument s’imposer gâchera le chant des autres et les auditeurs s’en apercevront tout de suite. Au contraire, plus il se fond dans l’ensemble, plus l’unité et la paix du chœur règnent et plus alors le chant devient école de prière, mais aussi de fraternité et de véritable amitié en Dieu. Bien chanter ensemble demande de l’humilité, mais cet effort est source d’unité et par là de paix. L’harmonie règne et la prière y gagne.

Que Marie nous montre ce que peut apporter la beauté de la musique sacrée, dont l’âme est la Parole de Dieu.

 

>> à lire également : Jubilé 2025 (1/4) : Petite histoire des jubilés au cours des âges

Un moine de Triors

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉgliseAnnée du Christ-RoiDoctrine sociale

Quas Primas (3/4) : La royauté du Christ, une évidence biblique

DOSSIER | 1925-2025 : « Aux origines de la fête du Christ-Roi » | Les Écritures sont remplies de l’attente messianique d’un roi à laquelle l’Incarnation donne une nouvelle dimension, après l’échec de la dynastie davidique à laquelle avait pourtant été promise une stabilité éternelle. L’actualité de cette royauté est attestée jusque dans l’Apocalypse, ou révélation, ainsi que le souligne Quas Primas.

+

quas primas roi messie
À la uneÉgliseAnnée du Christ-Roi

Quas Primas (2/4) : Le dogme du Christ-Roi et sa signification politique

DOSSIER | 1925-2025 : « Aux origines de la fête du Christ-Roi » | Document essentiel du magistère, l’encyclique Quas Primas (1925), publiée par Pie XI, est à replacer dans un enseignement enraciné dans la Sainte Écriture et professé par les papes du XIXe et du XXe siècle luttant contre la sécularisation et la trompeuse émancipation de la société du surnaturel et du divin.

+

Quas Primas
À la uneÉgliseAnnée du Christ-Roi

Quas Primas (1/4) : Une encyclique pour son temps

DOSSIER | 1925-2025 : « Aux origines de la fête du Christ-Roi » | C’est le contexte des années 1920, pendant lesquelles montent en puissance des États et des idéologies anticatholiques et laïcistes que l’inquiétude du pape Pie XI, face à ces cultes de la Nation, de l’État, de la Révolution ou du Prolétariat, va le pousser à donner des remèdes spirituels au monde. L’ordonnance contre ces fausses religions mortifères, c’est Quas Primas (11 décembre 1925).

+

quas primas cristeros