Quadragesimo anno : justice et charité sociales

Publié le 11 Juil 2024
Quadragesimo anno justice & charité sociales concurrence

La légitimité de la concurrence doit être contenue dans de justes limites.

Questions de Principe | Lettre Reconstruire n°38 (juillet 2024)

Dans l’encyclique sociale Quadragesimo anno, Pie XI n’insiste pas seulement sur la nécessité des corporations (cf. Reconstruire nos36 et 37) mais souligne la nécessaire « restauration d’un principe directeur de la vie économique ».

 

| Quel est le constat de départ sur lequel s’appuie Pie XI ?

À partir du numéro 95 de l’encyclique, Pie XI indique la faiblesse constitutive du « libre jeu de la concurrence ». Cette faiblesse repose essentiellement sur la mise à l’écart du « caractère social et moral de la vie économique ». Celle-ci ne peut donc se justifier seulement par sa simple efficacité dans la production de biens ou de services. Elle doit être ordonnée à la finalité même de l’homme et prendre en compte la nature sociale et politique de l’être humain et son caractère moral, c’est-à-dire le fait qu’il doit être l’agent de ses actes. À ce titre, Pie XI rappelle la subordination de l’économie à la politique, étant entendu que celle-ci doit poursuivre le bien commun, lequel n’est pas essentiellement l’ensemble des biens matériels (même s’ils sont nécessaires dans une certaine mesure à l’obtention du bien commun), mais la vie des citoyens selon la vertu.  

| La « concurrence » est-elle donc condamnée en elle-même ?

Non, le jeu de la concurrence n’est pas condamné en lui-même et Pie XI l’exprime clairement : « la concurrence est chose légitime et utile ». Elle est donc à la fois morale et efficace dans son ordre. Toutefois, cette légitimité et cette efficacité ne sont pas absolues. Elles doivent être contenues « dans de justes limites » que le texte ne développe pas mais qui relèvent justement du « caractère social et moral » de l’activité économique. Dans l’édition française de l’encyclique réalisée par les jésuites de…

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